Le Manhattan latino


Panama City, 28/3-8/4.
Arrivant à 5h du mat’, on n’a pas observé immédiatement l’architecture de la ville de Panama. On a bien contourné de nombreux gratte-ciels dont on ne voyait pas la pointe à travers la vitre de notre taxi nous emmenant de la gare routière d’Albrook au quartier de Marbella. Notre hostel se situe dans un minuscule bloc de quelques pavillons individuels, contrastant avec les immenses tours voisines de verre et d’acier qui sont pour la plupart des sièges d’établissements bancaires.


El Machico Hostel ne pouvait pas être mieux placé pour se lancer à pied, en bus ou en métro à la découverte de la capitale panaméenne. Cette ancienne villa de standing des années 70 dispose de 3 dortoirs et d’un large espace commun jouxtant une piscine, le tout baigné par les bass de la sélection musicale du personnel de la réception. Mais la chaîne hifi aux énormes enceintes illuminées de néons multicolores comme une voiture de Fast & Furious est à la disposition de tout le monde. Ainsi chaque voyageur est invité à diffuser sa playlist perso. On a donc fait connaître les excellents mix de notre DJ Black Mamba adoré en passant quelques tracks de notre mariage et d’autres ajoutés durant notre périple. Visiblement cela a plu à nos voisins de chambrée puisqu’à 3 reprises, on est venu m’interroger sur le nom des morceaux !!



Cet hostel restera aussi dans les annales de notre voyage comme le plus grand dortoir où l’on ait dormi : 12 lits ! Même gamin, durant mes camps scouts et autres “colos“ de vacances, je n’avais jamais dormi avec autant de monde. Comme aurait pu le dire  Forrest Gump, le dortoir c’est un peu comme une boîte de chocolat, on ne sait jamais sur qui on va tomber !! Mais je m’étendrai davantage sur ce type d’hébergement dans un article ultérieur.

L’heure est à la visite de cette ville étonnante qui se dévoile peu à peu devant nous alors que nous foulons l’interminable Avenida Balboa. Cette promenade de 2x4 voies souvent très encombrées aux heures de pointes est l’axe principal pour traverser la ville. Dotée de large trottoirs en bord de mer et d’une piste cyclable, elle est également très prisée des flâneurs locaux ou touristes, des mères de famille avec leur poussette ainsi que des joggeurs.


Tout au long des 4 km de bitume, il est difficile de ne pas être hypnotisé par cette forêt de gratte-ciels qui s’étend du centre des affaires à Punta Pacifica où l’on devine la Trump Ocean Club Tower, plus haut édifice de la ville (293m). La silhouette en forme de voile nous rappelle Burj Al Arab à Dubaï mais en beaucoup plus “mastoc“. Niveau design, on lui préfère la Tower Financial Center (203m), gigantesque monolithe noir dont la pointe de verre s’illumine une fois la nuit tombée. Mais la palme revient incontestablement à la F&F Tower (Froelich & Fuss !!!), également appelée Revolution Tower (243m) en raison de sa forme hélicoïdale.



Panama City s’étend sur 20 km de littoral, le long de l’Océan Pacifique dont chaque extrémité marque son histoire. A l’Est tout d’abord, on trouve Panama Viejo, le premier site de la capitale fondée en 1519 par Pedro Arias de Ávila, quelques années après la découverte de la Mer du Sud (en réalité le Pacifique) par un autre conquistador, Núñez de Balboa. Je vous invite à lire la bio passionnante de ce dernier, explorateur intrépide dont le nom est porté par des parcs et des avenues dans toute l’Amérique Centrale.


Panama Viejo prospéra très vite grâce au commerce de la pêche et du transit d’or et d’argent provenant d’Amérique du Sud à destination de l’Espagne. Mais en 1671 après avoir pillé Cuba, le corsaire Henry Morgan, dont on avait déjà entendu les cruels exploits au Nicaragua, saccagea la ville avant de la réduire en cendres.
Aujourd’hui sur ce site classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco, il ne reste que quelques tours et murs de ce qui fut avant des couvents, une cathédrale ou des maisons de riches marchands.

La ville fut reconstruite 8 km au sud ouest, au pied du Cerro Ancón, qu’on appelle aujourd’hui Casco Viejo ou Casco Antiguo pour éviter la confusion avec Panama Viejo. Située sur une péninsule entourée de récifs rocheux et dotée de murs et de fortins, la nouvelle cité est plus facilement défendable des attaques provenant de la mer.

C’est une visite incontournable et romantique dans un quartier à la circulation limitée où il fait bon déambuler dans les ruelles pavées. On prend son temps à photographier les différents bâtiments qui entourent la Plaza de la Independencia, avec son lot d’églises, Amérique Latine oblige ! Les musées côtoient les magasins de chapeaux et les restaurants pour touristes. Le barrio s’est clairement embourgeoisé avec de nombreuses bâtisses rénovées en hôtels de luxe, bars et autres adresses branchés disposant de valet parking.





A l’extrémité de la péninsule, on emprunte le Paseo de la Bovedas où l’on profite de l’ombre de la longue pergola fleurie qui recouvre le chemin de ronde des anciennes fortifications. Des petits stands se succèdent proposant souvenirs pour touristes et artisanat indien. Tout au bout de l’esplanade, on dispose d’un point de vue exceptionnel : d’un côté la skyline de la ville moderne et de l’autre, le Pont des Amériques ainsi que l’architecture originale et coloré du Biomusée dessiné par Frank Gehry.
  



En descendant du mur d’enceinte, on tombe sur la Plaza de Francia, immanquable avec son obélisque au sommet duquel se dresse fièrement un coq, cocorico !! Tout autour on trouve des stèles et des bustes en mémoire des entrepreneurs et ingénieurs français qui furent à l’origine du Canal ainsi que des milliers d’ouvriers qui moururent du paludisme ou de la fièvre jaune.

Comment évoquer le Panama sans aborder le fameux Canal. Il coupe le pays en deux et ouvre l’une des plus importantes (et plus rentables) voies maritimes au monde. Il débute coté Pacifique sous les Pont des Amériques, à l’ouest de la capitale, pour déboucher 80 km plus au Nord, à Colón dans la Mer des Caraïbes.
L’idée de percer l’isthme remonte au temps des conquistadors mais ce n’est qu’en 1880 que les Français commencèrent le chantier sous la direction de Ferdinand de Lesseps qui avait déjà achevé la construction du Canal de Suez, dix ans plus tôt. Comme en témoigne le monument de la Plaza de Francia, le promoteur français ne rencontra pas le même succès, sous-estimant les difficultés liées à l’environnement qui décimèrent plus de 20.000 hommes venus de France et d’Outre-Mer.

Pour mieux comprendre l’histoire du Canal, on se rend à la première écluse après le Pont des Amériques, Miraflores. Le complexe dispose d’un mini-cinéma où l’on a le droit à une courte projection présentée par un guide qui ne manque pas de “chauffer“ préalablement la salle. La visite se poursuit dans un musée sur plusieurs étages qui expose l’histoire du chantier, les caractéristiques de la construction et du trafic maritime. On apprend que la taxe de passage se situe entre 200 et 300.000$ pour des navires lourds. Il y a également un “simulateur“ et on peut prendre place derrière le pupitre de commandes d’un porte-conteneur qui entame sa manœuvre pour pénétrer dans l’écluse. Le dernier étage est dédié à la faune et la flore qu’on peut trouver dans la région du Canal qui reste une jungle tropicale.

La visite se termine sur la plateforme supérieure où l’on peut observer les navires géants évoluant dans l’écluse, tirés de chaque côté par des locomotives. Pour s’assurer du spectacle qui vaut d’être vu, renseignez-vous sur les horaires de passage. Le billet d’entrée est valable toute la journée et après la visite, on peut sortir déjeuner ou faire du shopping au Albrook Mall juste à côté pour revenir lors de l’arrivée d’un bateau. On a pu ainsi voir deux tanker et un porte-véhicules.

L’histoire moderne du pays est intiment liée à la construction du Canal. Après la banqueroute de Ferdinand de Lesseps, les Américains veulent continuer le chantier et racheter la concession. Mais à l’époque le Panama fait alors parti de la Colombie et Bogota bloque la vente. C’est l’un des ingénieurs de Lesseps qui approchent les Etats-Unis en avançant l’idée que pour récupérer le Canal, le Panama doit être indépendant du gouvernement colombien. Il s’en suit 3 ans de guerre menée par une junte rebelle soutenue par l’Oncle Sam. Fin 1903, les séparatistes revendiquent l’Indépendance du pays et octroie une concession à vie aux Américains. La construction est poursuivie et ce fantastique défi d’ingénierie est inauguré en 1914. Jimmy Carter rétrocèdera le contrôle du Canal aux Panaméens en 1999 mais les navires américains gardent une priorité de passage. Initialement prévus pour la célébration du centenaire, des travaux d’élargissement sont toujours en-cours pour permettre le passage des « post panamax » (jusqu’à 43 m de largeur) et devraient s’achever en 2017.

En titre de cet article, je qualifie Panama City de “Manhattan latino“. Immédiatement on pense à la skyline de gratte-ciels qu’on peut comparer à celle de la plus célèbre des îles newyorkaises. Mais la capitale panaméenne a un autre point commun avec Big Apple : ses grands espaces verts. Le Parque Natural Metropolitano est certes plus petit que Central Park mais ses différents sentiers vous plongent instantanément dans une forêt tropicale quasi sauvage et peuplée de plusieurs espèces d’animaux. On peut y voir des singes, des paresseux, des iguanes ou encore des tortues. Sept trails sont disponibles dont la difficulté ne provient pas de la longueur (plus d’un km) mais du dénivelé, notamment deux qui grimpent jusqu’au mirador. Mais l’effort est récompensé par une vue imprenable sur la ville.
  
Plus au Sud, à mi-distance du Metropolitano et de Casco Antiguo, on crapahute également dans la Reserva Cerro Ancón. Ici, point de sentier et on suit une route bitumée jusqu’au sommet qu’on repère facilement depuis la ville en raison du gigantesque drapeau national qui flotte au vent. De là-haut, on a une vue à 360° époustouflante avec d’un côté les gratte-ciels et la vieille ville encerclée de la Cinta Costera, le contournement construit sur la mer qui mène à l’Avenida Balboa. De l’autre côté, on retrouve dans l’ordre, le Pont des Amériques, le Port, l’écluse de Miraflores et au loin, le nouveau Pont du Centenaire. Dans cette réserve, on croise évidemment des animaux dont de splendides toucans.




Au bas du cerro, nous empruntons la Causeway, longue de 2 km qui relie 4 minuscules îles au continent, autrefois utilisées comme port de l’ancienne ville. Cette route bordée de palmiers a été aménagée lors de la construction du canal avec les gravats des extractions. Au début de l’allée, nous retrouvons l’étonnant  Musée de la Biodiversité dessiné par Frank Gehry dont nous boycotterons la visite en raison du prix du billet d’entrée (22$) ! Et puis, on ne peut pas tout faire…


On lui préfère le Centro de Exhibiciones Marinas (5$) situé sur la plus petite des îles, Punta Culebra. Géré par le Smithsonian Tropical Research Institute, les batiments sont d’anciens bunkers datant de la première guerre mondiale qui ont été réhabilités. On peut y voir des tortues, des raies, plusieurs espèces de poissons et des requins. A l’extérieur, on trouve des bassins où l‘on peut toucher des oursins, des concombres et des étoiles de mer. Il y a également deux sentiers très courts qui nous promènent dans une forêt tropicale sèche où l’on croise de nombreux iguanes et des paresseux.



Niveau hébergement, on a testé plusieurs formules puisqu’après nos 2 nuits en dortoirs, on s’est offert une jolie chambre, upgradée en suite, à l’hôtel Tryp by Wyndham. Après 3 mois d’hostels et autres B&B, on apprécie une “vraie“ chambre offrant tout le confort. On profite surtout de la piscine sur le toit et de la vue imprenable sur la ville, impressionnante le jour, magique la nuit.



On fera de même avec Mélanie et Ambroise dans un appartement loué via airbnb et situé à l’opposé, en bord de mer, à Punta Paitilla. Sur notre balcon, je ne peux m’empêcher de shooter les buildings, soit à l’aube quand la ville s’éveille (photo en haut de l'article), soit à la nuit tombée quand la circulation illumine le périphérique sud.




C’est ainsi que s’achève notre visite du Panama mais également notre retour de 5 mois en Amérique Centrale. On reprend l'avion avec Mélanie, Maxime et Ambroise dont la présence rend le retour un peu moins difficile que la fois précédente quand on était rentré de New-York !
On fera le bilan de cette deuxième session dans un article ultérieur mais ce voyage était complètement différent de notre année de tour du monde. Quoi qu’il en soit, on a la confirmation qu’on aime cette partie du globe et heureusement pour nous, on nous a conseillé d’autres pays tout aussi sympas, à voir absolument…

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