3 jours très jazzy


Nouvelle-Orleans, 17-19-9.
Après Las Vegas, on continue notre exploration des villes américaines et celle-ci est tout aussi fascinante : New-Orleans ou “NOLA“ de son petit nom !



Pourtant le trajet en bus entre l’aéroport Louis Armstrong et le centre ne dévoile rien de bien fantastique, au contraire, c’est une banlieue de cité industrielle et portuaire tout ce qu’il y a de plus “banal“ et le jour qui commence à tomber ainsi que la pluie n’arrangent rien ! Pour info, NOLA est le 5ème port des Etats-Unis et dispose d’un quai de 3 km de long qui peut accueillir 13 navires à la fois ! Tout en rejoignant le centre et en observant certaines maisons délabrées, on ne peut s’empêcher de penser à Katrina, l’ouragan qui a dévasté toute la Louisiane en août 2005 et qui a inondé 80% de l’agglomération.  Outre les nombreuses victimes et les milliards de dollars de dégâts, cette catastrophe a eu un impact direct sur la population de la ville qui a diminué de 17% !

Après 3 semaines de motels, on est content de retrouver l’ambiance d’une auberge de jeunesse. L’établissement NOLA Jazz est situé sur Canal Street où circule une ligne de streetcar. L’accueil y est excellent et notre hôte nous donne toutes les infos sur le quartier et la ville avant de nous emmener faire le tour de la maison et nous présenter aux autres occupants, sympa !

Le lendemain, on se lance à l’assaut du centre historique en quadrillant les rues principales du Quartier Français (French Quarter). NOLA a beau être différente dans son âme, sa topographie n’échappe pas au modèle standard des villes américaines avec un centre dessiné en damier symétrique ! Bourbon Street, Royal Street, Jackson Square sont les passages obligés de la visite traditionnelle. De jour, on s’extasie devant les maisons et leurs balcons en fer forgé mais très vite on s’étonne de ne pas trouver plus d’ambiance… On entend bien un peu de musique s’échappant des nombreux bars de Bourbon St ainsi qu’un groupe de musiciens sans public, posés devant la Cathédrale Saint Louis.




Si à SF, on a pu s’étonner du nombre de “homeless“, à NOLA on rencontre beaucoup de gens… bizarres !! Pas vraiment sans abri mais relativement débraillés, habités par un esprit vaudou, excités par une drogue illicite ou une bouteille de bourbon, certains locaux errent dans les rues, parlant tout seul, ce qui ne rassure pas d’emblée le pèlerin ! Rien de bien méchant mais on sent que certains individus sont bel et bien ravagés par la vie… une dure vie, à en croire les traits de leur visage quand on s’attarde à les observer dans les parcs ou les streetcars.

Dans le “Vieux Carré“, on conseille vivement la visite de l’Historic New Orleans Collection qui se trouve dans une bâtisse magnifiquement restaurée. L’exposition raconte une partie de l’histoire de la Louisiane et ce sont les surveillants de chaque salle qui vous la racontent le mieux, en venant à votre rencontre. NOLA fut française (1691), cédée à l’Espagne par le Traité de Fontainebleau (1762) avant de redevenir française (1800) pour être finalement vendue aux Etats-Unis par Napoléon Bonaparte en 1803 qui avait cruellement besoin de financer sa guerre contre l’Angleterre.
On peut compléter la découverte de la culture et de l’histoire locale au Louisiana State Museum situé dans le Cabildo, à côté de la cathédrale.

L’exploration diurne de New-Orleans se poursuit en reprenant le streetcar qui longe la rivière Mississipi formant ainsi un croissant et qui a valu à la ville le surnom de Crescent City qu’on retrouve sur certaines enseignes de bars ou d’échoppes de cigares. Le terminus de la ligne nous débarque au French Market qui propose sous un hall couvert, des stands de bouffe, d’artisanat plus ou moins local et de souvenirs pour touristes.





Plus loin, on emprunte Esplande Avenue qui possède quelques jolies demeures, avant de bifurquer vers Frenchmen Street, la deuxième rue la plus animée de la ville ! Mais pour cela, il faut revenir le soir car en journée, la rue est désespérément calme. Tout comme le Louis Armstrong Park dans le quartier afro-américain de Tremé, totalement désert.
Juste à côté du parc, on passe devant le Cimetière Saint Louis n°1 où sont enterrés les premiers créoles ainsi que la tombe de la prêtresse vaudou, Marie Laveau, dont le fantôme (en réalité sa fille) a longtemps hanté la ville ! Un conseil : pour visiter ce site, venez tôt car les portes ferment à 15h.

De l’autre côté de Canal St, la ville change totalement ! Nous sommes aux pieds des tours de verre dans le CBD, le quartier des affaires où les cadres se ruent dans les bars à huîtres branchés à l’heure du déjeuner. On embarque dans un streetcar bondé sur la ligne de l’interminable Avenue St Charles qu’on suit jusqu’au terminus nous promenant devant les plus belles et grandes maisons de la ville. C’est aussi dans ce quartier de Lower Garden qu’on trouve l’excellent National World War II Museum.

Mais on n’est pas venu à la Nouvelle-Orléans pour visiter des musées !! Tout comme Las Vegas, c’est quand la nuit tombe que la ville dévoile ses “centres d’intérêts“ ! Et tout comme Las Vegas, NOLA est l’une des 3 villes des Etats-Unis où la consommation d’alcool est tolérée dans la rue.

Avec 3 soirées au programme, on a voulu s’imprégner de l’âme jazzy de New-Orleans en profitant au maximum de sa musique tout en variant les plaisirs. Premier soir, concert intimiste dans un bar/resto de quartier, le Chickie Wah Wah, où une fascinante chanteuse, Meschiya Lake et sa voix délicieusement rétro mais puissante nous donne la chair de poule tout en dégustant une bonne viande grillée du barbecue. Simplement accompagnée de son pianiste, elle hypnotisera la foule, pendue à ses lèvres, pendant plus d’1h. Elle finira son concert en chantant Piaf avec Non, je ne regrette rien, cocorico !!


Deuxième soir, on assiste à un concert au Louis Armstrong Park dont l’ambiance n’a de loin rien à voir avec notre visite de la veille en pleine journée. Un groupe joue du “très bon“ et toute la foule se déhanche, à l’image de cette sexagénaire invitée sur la scène qui débute une danse diabolique habitée par les démons du rythme et de la souplesse malgré l’âge de ses articulations !



On prolonge la soirée en déambulant sous les néons des enseignes de Bourbon St qui fourmille désormais de touristes plus ou moins éméchés. C’est un peu la cacophonie car chaque bar passe son morceau “à fond“ pour attirer le chaland. La musique n’est d’ailleurs pas toujours très jazzy et il n’est pas rare d’entendre un bon vieux David Guetta ou le dernier Rihanna !!!
Adèle a envie d’huîtres et on se retrouve à l’Oceana Grill où la file sur le trottoir reste “acceptable“ pour nous !! Aux Etats-Unis, on adooore “faire la queue“ pour aller dîner et le nombre de personnes qui attendent dépend évidemment de la (bonne) réputation du lieu ! Nos huîtres sont relativement bonnes mais manquent totalement d’iode et n’égalent pas des fines de clair bien de chez nous ! Bien que “très particulière“, on se laisse également tenter par la préparation spéciale de la maison : des huîtres chaudes recouvertes d’une sauce à la crème à base d’ail et de mélange cajun (herbes+épices), le tout gratiné de parmesan !! Ce n’est pas totalement inintéressant mais exceptée la texture en bouche, on ne sent absolument pas l’huître !!!
A la table d’à côté, un hollandais en voyage d’affaire nous demande conseil au sujet de la carte et s’intéresse à nos huîtres. La conversation s’enchaîne sur les voyages, les Etats-Unis et la situation économique en Europe.


De retour à l’auberge, il n’est pas tard, à peine 23h30. On sort sur la terrasse à l’arrière de la maison afin de boire un dernier verre avant de rejoindre notre lit superposé. Deux Américains fument des clopes tout en écoutant de la musique sur un mini speaker bluetooth relié à un iPhone. On fait connaissance et chacun explique l’objet de son séjour ici. On est rejoint par 2 jeunes Italiens et quelques minutes plus tard par 3 filles espagnoles qui viennent à peine de finir leur dîner dans la cuisine commune.L’un des 2 Américains file à sa chambre et ramène une caisse avec des palets métalliques. Il la dispose au centre du groupe qui vient de se former et explique les règles que tout le monde avait déjà deviné. Des matchs s’organisent, 1 contre 1, à celui qui place le plus de palets dans la caisse et évidemment celui qui en a le moins, doit boire !! On continue de discuter tout en observant la précision des tirs qui devient de plus en plus aléatoire au fur et à mesure des matchs et des verres ingurgités ! Les 2 Italiens rivalisent gentiment pour conquérir la plus jolie des 3 Espagnoles et de notre côté, on entame un débat enflammé sur la réputation des Français… On a épuisé nos réserves et on a même largement tapé dans celles des Américains qui même en voyage professionnel disposait d’un pack format familial de Bud Light. On monte dans notre chambre et après un brossage de dents express, on se couche enfin. Je programme le réveil sur mon iPhone et je constate qu’il est près de 3h du mat’ !!! C’est un grand classique des auberges de jeunesse, on sait quand on rentre mais on ne sait jamais quand on se couchera…

Pour le dernier soir, après un plateau de fromage et une bonne bouteille de Chablis au Orleans Grapevine Wine Bar en guise d’apéritif, on marche jusqu’à Frenchmen St qui commence à peine à se remplir. On fait d’abord 2 bars pour apprécier l’ambiance et la musique live pour atterrir finalement à The Maison où une dizaine de musiciens ont déjà pris place sur la scène bien trop petite ! Le groupe est excellent et le trompettiste au centre s’interrompt régulièrement de jouer pour chanter avec le même timbre de voix voilé que le grand Louis Armstrong... juste excellent !!

Une courte vidéo pour vous donner un aperçu ?


Arrivé à la fin de cet article, je me rends compte qu’il est impossible de décrire fidèlement l’atmosphère de cette ville unique. NOLA ne se raconte pas, NOLA se vit... en live !! Elle n’a rien à voir avec les autres villes américaines et possède une âme toute particulière, et je me doute que l’ambiance lors du Mardi-Gras doit être encore plus survoltée !!!



Bonus : NOLA est une ville haute en couleurs mais elle peut aussi inspirer quelques clichés en N&B






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